Encore aujourd’hui, une infirmière forte et respectée sera celle qui ne prend pas de pause, qui écourte ses heures de repas et qui reste toujours un peu plus tard «pour s’assurer de ne rien oublier» et tout cela sans demander de voir son dévouement justement payé.

À la lecture des différents textes publiés sur la question, nous constatons que les obligations déontologiques (liées à la continuité des soins) de l’infirmière sont souvent utilisées dans l’argumentaire des gestionnaires, eux-mêmes pris à la gorge par les compressions budgétaires, tout comme les concepts «à double tranchant» d’efficacité, de performance et de réorganisation…

Bien entendu, la recherche d’efficacité dans les processus de soins peut permettre aux professionnels de la santé de se réapproprier leur rôle et d’améliorer la qualité des soins. D’autre part, tous ces concepts peuvent induire une pression injustifiée sur les infirmières et les infirmiers qui apprécieront leur journée en fonction de la quantité de travail accompli et non pas de sa qualité.

Maintenant, où sont les pistes de solutions?

Par leur nombre, leurs fonctions et leur penchant naturel pour la recherche de solutions, les infirmières et infirmiers de tous les secteurs d’activités sont aussi des acteurs clés pour critiquer l’organisation actuelle des soins de santé de manière générale et participer à la réflexion sur l’amélioration de modes de fonctionnement qui pourront assurer la continuité des soins et des services, leur qualité et leur accessibilité. Des normes minimales d’effectifs (par exemple, celle toute récente de la présence infirmière 24h/24h en CHSLD), de matériel, de soutien technique, sont autant de pistes de réflexion pour les établissements de santé.

Les infirmières et infirmiers sont des personnes engagées, à la fois envers la profession et envers la clientèle. Par contre, elles se doivent de respecter leurs limites professionnelles et personnelles et dénoncer les attaques personnelles injustifiées (au sujet de leur organisation du travail). Plusieurs tribunes leur sont offertes si une explication avec le gestionnaire n’a pas suffi. La direction programme, la direction des soins infirmiers, le syndicat, le Conseil des infirmières et infirmiers de l’établissement, les associations de gestionnaires et d’infirmières et la commission des normes du travail, n’en sont que quelques exemples.

Le RAPIQ soutient que le «bénévolat» des infirmières et des infirmiers québécois masquent les réelles difficultés d’organisation des soins et de performance du réseau, des enjeux structuraux qui ne devraient pas être réduit uniquement au travail accompli par les personnes qui le constituent. Les infirmières et les infirmiers du Québec ne pourront soutenir un système appauvri financièrement, comme elles ne pourront supporter l’alourdissement de leurs fonctions.

Carol-Anne Langlois et Sylvain Brousseau, porte-paroles du RAPIQ